D’où viens-tu, Rêveur ?
Je l’ignore, Arpenteur, le sais-tu, toi d’où tu viens ?
Le silence se fit entre les deux, chacun perdu dans son monde pour chercher le repère, un équivalent à la situation dans laquelle ils se trouvaient et à laquelle ils n’étaient pas préparés. Chacun de son côté se demandait ce qu’il faisait là, et le pourquoi de cette rencontre. Rein de tout ceci n’avait aucun sens, et c’est alors qu’ils virent flottant entre deux eaux, une pousse, qui s’agitait en tous sens, cherchant son chemin, comme eux cherchaient la raison de tout ceci.
Ils se placèrent de façon naturelle de chaque part de la pousse, et se penchèrent sur elle, pour regarder, puis admirer, leur souffle se mêlant et faisant onduler la pousse, heureuse de croiser enfin la douceur d’une brise, au lieu du néant, et elle monta vers les souffles pour acquérir force et vigueur. Le rêveur et l’Arpenteur, agirent sur la pousse comme ils l’auraient fait d’un feu mourant où il ne serait resté qu’une infime étincelle, ils soufflèrent doucement vers la pousse.
Tiré du Traité sur la Pousse première :
« Dualité, état quatrième :
Ils formaient un corps, un corps entier avec des bras, des pieds, une tête, ils étaient deux : du côté gauche était le Rêveur et du côté droit était l’Arpenteur. Le corps est entier, deux esprits vont pouvoir naître, le monde va se diviser en deux parties.
La recomposition... Avec la dualité vient le temps des extrêmes, explorations obscures des profondeurs de l'âme. Tout ce qui doit vivre dans le monde est vivant, le corps est entier. C'est la recomposition, la recherche de l'axe de vie.
Mais quand ce monde c'est formé, ce qui devait aller vivre loin n'était pas complet, pas terminé. Presque, mais pas tout à fait. Il n'y avait pas encore d'eau partout. Le jour et la lumière n'étaient pas encore là. Mais les esprits sont là, tous, le temps de l'harmonie. »